Socotra : A la recherche du Phoenix

Bonsoir,
eh bien oui, Gisali, merci ! C'est une île vraiment à part.
Nous continuons donc notre observation de la vie sur le plateau de Dixam...

On retrouve l’Aloe perryi, dont c’est l’exubérante floraison. La sève est encore utilisée de nos jours, comme l’Aloe vera, ce dernier étant vraisemblablement originaire de la Péninsule arabique. De toutes les espèces connues d’Aloe, actuellement, seules 5 ont prouvé leurs vertus médicinales : Aloe vera, Aloe ferox, Aloe arborescens, Aloe saponaria et Aloe perryi. Il est évident que dans les prochaines années, cette liste devrait augmenter en fonction des études réalisées.

JL

... On trouve également Euphorbia spiralis, dont on finit par se demander pourquoi elle a été nommée ainsi puisque la plupart des plantes observées ne sont pas spiralées...

Une non succulente, mais superbe, Euryops arabicus, est une Asteraceae que l'on verrait bien, comme la Violette de Socotra, dans nos jardins ! De plus, dans un article de 2019, il est dit que ses parties aériennes possèdent des applications ethnomédicinales anti-inflammatoires. Elle est répandue sur la Péninsule Arabique.
...



Modifié 1 fois. Dernière modification le 23/05/20 19:53 par jllode.

Parmi les trois espèces de Kalanchoes connues à Socotra, nous retrouvons Kalanchoe farinacea, également connu de manière erronée sous le nom de Kalanchoe scapigera, bien que ce dernier soit originaire d’Angola et à fleurs jaunes. Kalanchoe farinacea possède des fleurs rouges et est endémique à Socotra.

Quant à Kalanchoe rotundifolia, également surnommé à tort Kalanchoe socotrana, il se trouve communément sur le continent africain. Il est tellement prolifique qu’il peut facilement se transformer en invasive dans certaines collections à climat favorable. ses fleurs sont minuscules.
...
JL

Sur ce même site, Kalanchoe robusta est plus commun que sur Hamaderoh. Selon John Lavranos, il peut atteindre jusqu’à 1 m de hauteur.

Du haut de son piton calcaire, un vautour percnopère me regarde perplexe, prenant des photos de cette magnifique espèce. Mais j'ai surtout la chance de pouvoir l'observer en fleurs pour la première fois, ce qui semble exceptionnel : en effet, les seules photos de plantes en fleurs dans l'habitat et que l'on trouve actuellement sur internet sont les miennes !

Aujourd'hui, nous la reproduisons en serre, et nous obtenons des graines chaque année ainsi que des boutures bien robustes, comme l'indique son épithète...

Joël Lodé



Modifié 1 fois. Dernière modification le 23/05/20 20:07 par jllode.

Une petite Asclepiadaceae rare, dans le genre Echidnopsis : Echidnopsis bentii, à fleurs presque noires.
Curieusement, plusieurs espèces sont endémiques à Socotra, et nous en découvrirons d'autres...

Encore plus difficile à trouver, une ceropegia très peu connue : Ceropegia affinis. Il est évident que sans la fleur, je l'aurais... zappée ! Mais il faut être aussi curieux, et regarder dans les moindres cavités des roches calcaires : c'est ainsi que je redécouvrirai une minuscule plante étonnante dont je vous parlerai dans l'un de mes prochains posts, car elle en vaut la peine...

JL



Modifié 1 fois. Dernière modification le 23/05/20 20:18 par jllode.

Au sommet des falaises à pic, on aperçoit de loin des plantes qui pourraient être des adéniums à cause de leur similitude morphologique ; il s’agit en fait de Dorstenia gigas. Il est incroyable de constater que des plantes qui peuvent dépasser le mètre de diamètre, soient coincées dans de petites cavités, certaines de la grosseur du poing. C’est apparemment le seul habitat sûr pour les Dorstenia, à cause des chèvres qui, parait-il en sont friandes.
Le soir commence à tomber sur le plateau...

JL

Ces anfractuosités de la roche permettent à Plectranthus socotranum de se développer dans de bonnes conditions. Comme toutes les espèces de son genre, il est très odorant, et celui-ci est assez cultivé.

On peut admirer là un Dragonnier, Dracaena cinnabari qui s’est installé dans une fissure, et qui est probablement le plus jeune de l’île.

Le soir va bientôt tomber, et nous quittons les lieux à regret, non sans avoir observé une araignée femelle qui porte bien son nom : Gasteracantha sanguinolenta...le jour suivant, nous allons attaquer la descente vers le Wadi...

Joël Lodé

Ça me fait rêver, merci Joël encore une fois...

Des tas de plantes que j'aimerai avoir dans mon jardin, merci Joël pour cet agréable voyage qui permet de s'évader.

Bonsoir !
Je vous avais dit que ce serait épisodique ! J'ai beaucoup de travail, et mon histoire ici doit être préparée... Mais ça y est, j'ai préparé la suite (pas encore la fin !).

...En suivant les cours d’eau de Dixam, et comme à Madagascar ou à Cuba, les calcaires sont érodés par l’eau de ruissellement et donnent ce relief karstique caractéristique « en dents de chien ».
Le paysage nous fait remonter des milliers d’années dans le temps, et nous fait penser comment pouvait être le Sahara avant le changement climatique de l’époque...

Les meules dormantes qui servent encore de nos jours pour moudre le grain chez les tribus de l’île ne sont plus que des vestiges préhistoriques au Sahara...
PS : les images du sahara sont aussi les miennes: j'ai effectué 6 voyages dans l'erg Mehedjebat et le tassili de Tim Meskis dans les années 90.
Joël Lodé
cactus-aventures.com

Aujourd’hui Socotra, comme d’autres régions du monde, est en train d’évoluer vers une aridité plus prononcée, dont la durée se calcule probablement en milliers d’années.
Ce que l’on observe ici, est un peu le paysage saharien, alors plein de vie, de rivières, avant qu’il ne soit devenu le désert qu’on connaît aujourd’hui, où l’on ne trouve plus que des cours d’eau asséchés et des poissons fossiles...
JL

Nous laissons le plateau de Dixam pour commencer la descente vers le Wadi Derhour. La piste est affreuse, mais le paysage est la récompense.

Boswellia dioscoridis, l'un des 7 espèces d'arbrà encens de Socotra apparaît au bord de la piste, avec ses feuilles caractéristiques, on dirait des feuilles de chou, et en fleurs. Quelle chance !...
JL

Dans les profondeurs du canyon, la végétation est exubérante. Là, les palmiers-dattiers sont magnifiques.
En toile de fond, on aperçoit les troncs blancs des Dendrosicyos socotrana et sur la crête, une file de dragonniers géants.

Pendant que mon guide socotri, Ahmed, consulte les documents de travail que j’ai apporté, un vautour percnoptère vient se désaltérer à proximité immédiate. Il espère bien avoir une part de notre déjeûner !

JL

Nous continuons l’observation de la flore de Wadi Derhour, et je vais vous montrer ici seulement une petite partie des espèces photographiées : par exemple, cette jolie Convolvulaceae, Evolvulus alsinoides.

Cette plante épiphyte ressemble beaucoup à une Sansevieria comme Sansevieria ehrenbergii que l'on trouve au Yémen. Il s’agit en fait d’une Orchidée, Eulophia petersii, une des rares qui existent sur l’île. On peut la trouver en épiphyte ou en rupicole. Ses pseudobulbes sont énormes, et je ne l'ai pas encore observée en fleurs...