Quebrada San Ramon, Chili

Bonjour à tous,

Dans quatre jours c’est Noël à Taltal, ville minière du Nord du Chili. Les sapins, les guirlandes, les foires de Noël et les enfants excités sont partout. J’ai réussi à convaincre les filles de faire un crochet en redescendant de San Pedro de Atacama, afin que je puisse visiter une des cathédrales cactussiennes du Chili, la Quebrada San Ramon.
En plus du fait qu’on y ai découvert la mine la plus ancienne d’Amérique [www.chile-excepcion.com], ce lieu a vu passer tous les botanistes de renom ainsi que de nombreux cactuseros contemporains. On a presque envie de se découvrir tant il inspire le respect. Il s’agit d’une vallée étroite, coincée entre les Sierras côtières, au fond de laquelle coule une rivière très chargée en sel et asséchée sur la presque totalité de son parcours. En été on ne la voit que de temps en temps lorsque le fond n’est que de la roche pure, sur laquelle elle dépose une bonne croute de cristaux blancs.
J’arrive à l’entrée à 9h, saluant comme il se doit les cadavres de voitures dans le tas de ferrailles situé à l’entrée.

Si ce lieu est connu, c’est parce qu’on y trouve le Copiapoa krainziana, reconnaissable entre tous avec sa chevelure blanche. Il faut plusieurs heures de marche et quelques litres d’eau avant de les rencontrer. Ayant passé plusieurs jours, juste avant, sur les hauts plateaux où l’oxygène se fait rare, c’est une promenade d’enfant que de suivre le lit qui ne s’élève que très progressivement.

Dans ce canyon on découvre les uns après les autres plusieurs espèces de Copiapoa du groupe cinerea (du latin gris cendré). Près de l’entrée on commence avec le cinerea type à épines noires, ainsi que d’autre à épines blanches que certains nomment cinerea albispina. Les plantes sont ramifiées avec l’âge, leurs aréoles portent des épines courtes et droites en nombre restreint (1 à 4 max).

Ensuite on découvre Copiapoa haseltoniana, plus grand, formant parfois de beaux massifs et reconnaissables à son apex feutré d’un bel orange.



Sur cette plante, on peut voir qu’un amateur est venu farfouiller dans la laine à la recherche de graines. Je ne prendrai pas le temps pour ma part de rechercher des graines de Copiapoa, cela prend trop de temps (sortir le matos, faire un point GPS ...) et il y en a déjà plein les listes de producteurs.
La vallée est très large par endroit, on peut y caser un stade de foot, il n’y a aucun bruit et « par manque de bise, le temps s’immobilise ». J’ai l’impression de déambuler dans un musée. Toutes ces plantes sont les survivantes d’un temps où il pleuvait plus qu’aujourd’hui. On ne voit quasiment aucune jeune plante pour prendre la relève.
Au bout d’un moment les épines des cinerea s’allongent, leur couleur varie du blanc au noir, ce ne sont plus de vrais cinerea et pas encore de vrais krainziana. Ritter leur a donné un nom : Copiapoa scopulina.

Rompant le silence, une sorte d’aboiement résonne soudain dans la quebrada, je me suis fait repéré par un guanaco qui défend son territoire du haut des paroies. C’est lui qui n’a pas intérêt à trop s’approcher s’il ne veut pas finir en barbecue.



Plus tard, les plantes arborent un beau toupet blanc à grisâtre sur le sommet des tiges. La transition entre ces « espèces » est si progressive qu’il est bien difficile de dire où commence l’une et où finit l’autre et je pense être devant des kraiziana.





Enfin, j’arrive au pieds du « mur » aux Copiapoa que l’on voit dans tous les reportages, il est massif, impressionnant,

je ne suis pas Edlinger...je continue. Je fais encore bien trois km, mais il n’y a plus de ces grosses bêtes après le mur. Par contre Copiapo rupestris continue de m’accompagner en solo. Petite plante d’une dizaine de cm de diamètre, souvent solitaire, arborant des fleurs rose/rouge, ce qui est rare dans le genre, les plantes grossissent avec l’altitude. Il pousse parfois dans le lit même de la rivière, ce qui n’est pas le cas de la totalité des cinerea. Cela me fait croire qu’il se régénère mieux que ces derniers.

Ce n’est pas le seul cactus au fond de la vallée, on trouve toujours l’Eriosyce rodentiophila, souvent perchée sur une hauteur. C’est le seul Eriosyce qui n’a pas de fruit creux s’ouvrant par la base. Ses fruits ressemblent à ceux d’aurata extérieurement, mais ils contiennent un paquet de graines engluées dans de la pulpe.



J’ai aussi vu un petit Eriosyce, je ne saurais dire si c’est un taltalensis ou un autre, ainsi que le cierge omniprésent dans la région, Eulychnia iquiquensis.



Il est 17h lorsque je sort de la Quebrada San Ramon, après ces 20km, il fait chaud, j’ai soif et une super plage baignable m’attend, le paradis, demain c’est la fin du monde, je m’en fous. Demain on a 1050 km à faire pour rejoindre Valparaiso, je mettrai 18h. Et oui, la Panamerican Highway n°5 en jette par son nom, mais elle n’est pas asphaltée sur la totalité. Retour à la civilisation, courses de Noël, fin des vacances dans les vacances.

Guillaume
[umadeave1.free.fr]



Modifié 3 fois. Dernière modification le 01/02/13 18:14 par guims.

Bonjour et un grand merci Guims pour ce reportage absolument magnifique.
Quelle chance de voir tous ces paysages et tous ces cactus, mais tout au long de ton post j'étais un moment avec toi et j'ai apprécié pleinement.
Vraiment c'est autre chose de voir ces cactus dans leur milieu naturel, c'est terrible si ils commencent eux aussi à souffrir de la sécheresse...
Encore bravo pour ces très belles photos.
A bientôt. Bernard



Modifié 1 fois. Dernière modification le 01/02/13 18:38 par Bernard74.

Maravilloso!

Merci pour vos commentaires sympas.

Guillaume
[umadeave1.free.fr]

Bonjour Guims,

toujours très chouettes tes reportages avec des superbes photos

Même,si les photos des Copiapoa, Eriosyce sont superbes, j'ai un faible pour la photo de l'Eulychnia iquiquensis

Michel
Aix les Bains - Savoie (73) - France

Quel reportage, un grand merci de nous faire découvrir ces si beaux paysages et les plantes !
On a l'impression comme le dit Bernard, d'être avec toi pour la découverte et c'est tellement le dépaysement.

Merci encore à vous.
Je suis d'accord avec toi Michel, les Eulychnya sont souvent les parents pauvres des reportages de cactuseros alors qu'ils ont parfois des dégaines incroyables. On voit bien que celui là a du mal à survivre, il ne doit pas fleurir souvent.

Guillaume
[umadeave1.free.fr]

belles images !merci Guims ! et quel mérite aussi pour toute la famille 18h pour faire 1000km !mais ca vaut le coup , moi je craque pour les epines noires! , Zoé

il y a de quoi craquer pour tous ces cactus en milieu naturel. quelle belle visite tu nous offres !! même si le climat est difficile, le déplacement vaut le coup !!!!! merci pour toutes ces belles photos et commentaires.

Oui, quelle chance tu as... et quelle chance nous avons de ton partage !!!! Merci !!!!!!!!!!

Ça se mérite, si vous saviez les tractations que j'ai dû faire pour avoir ma journée de libre

Guillaume
[umadeave1.free.fr]

Hum... je vois ce que tu veux dire !!!

Aaah ! les beaux épidermes cendrés...
Les Eriosyce ne sont pas mal non plus, mais je préfère les avoir en photos qu'en pension.

Salut Guims,

On ne peut être qu'emerveillé devant ce repotage, voire même un peu "jaloux" de ne pouvoir y être !
J'ai une préférence pour les Copiapoa, qui sont toujours magnifiques dans leur habital naturel.
C'est quoi ton appareil photo?
Thank pour ce photos-reportage.

[www.foudecactus.com]

>On ne peut être qu'emerveillé devant ce repotage

Ah non, je n'ai rien déterré, contrairement à ce qu'on voit dans beaucoup de reportages

Sinon, mon boitier c'est un Canon 5D MII, et j'avais là un 17/40mm et un 100mm macro (et puis Photoshop, forcement, pour les "tirages"

Guillaume
[umadeave1.free.fr]