Saisie de 56 cactus-oursins par la Douane
Envoyé par Henri Kuentz
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Saisie de 56 cactus-oursins par la Douane dimanche 27 août 2023 15:50:35 |
Le 24 août 2023, la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects a publié sur son site douane.gouv.fr une actualité concernant la saisie de 56 cactus par les douaniers de Marne la Vallée :
Saisie de 56 rarissimes cactus oursins par la Douane
Un communiqué de presse a suivi le 25 août 2023.
Le contenu de cette information repose sur l’expertise des cactus saisis par un spécialiste du Museum National d’Histoire Naturelle, qui a déterminé que les cactus appartenaient à l’espèce Astrophytum asterias, qui est une espèce protégée par la Convention de Washington et classée à l’annexe 1 de la CITES. A ce titre, toute acquisition d’un sujet de cette espèce devrait être dûment autorisée par un permis d’exportation CITES du pays exportateur et un permis d’importation CITES délivré par le pays importateur. Ces documents étaient absents, ce qui a justifié la saisie par le service des Douanes.
Cependant, il est totalement abusif de faire un rapport entre les 56 Astrophytum asterias saisis et les 5000 exemplaires restant dans la nature, au Mexique et au Texas. En effet, cette espèce est largement cultivée par les producteurs de cactus et par les collectionneurs du monde entier, depuis plus d’un siècle. Les plantes saisies ne sont pas du tout des plantes d’origine sauvage, mais des plantes de culture qui provenaient d’une pépinière thaïlandaise, qui les multiplie par milliers tous les ans et les vend au prix de 3 euros pièce pour des sujets de 3 ou 4 cm de diamètre.
Certes, la personne qui a acheté ces cactus a commis l’erreur de les introduire en France sans avoir les documents nécessaires, mais elle l’a fait sans doute sans connaître la réglementation et ne peut être assimilée à un trafiquant. Il est faux de faire l’amalgame entre le commerce de ces plantes cultivées et leur disparition dans la nature. Ce sont deux choses différentes.
Les plantes cultivées en Thaïlande sont des « Super Kabuto », c’est-à -dire des variétés cultivées, obtenues par semis et patientes sélections successives. Elles ont été obtenues au départ au Japon et ont été ensuite diffusées un peu partout en Asie, en Europe et en Amérique. Ces variétés sont remarquables par la quantité de flocons blancs qui les recouvrent et par les motifs que dessinent ces flocons. Aucune plante sauvage ne présente ces attributs. Il est plus que surprenant que la personne qui a identifié les cactus saisis n’ait pas mis en avant ce point extrêmement important : les Astrophytum asterias ‘Super Kabuto’ ne peuvent en aucun cas avoir pour origine le Mexique ou le Texas ! Quand on parle de sujets pouvant atteindre le prix de plusieurs dizaines de milliers d’euros, il ne peut s’agir que de sujets d’exception, tels que seuls les horticulteurs japonais peuvent les obtenir, en les cultivant pendant plusieurs dizaines d’années, de la même façon qu’un bonsaï d’exception, et non de sujets de la taille d’une « balle de golf ».
En tant que producteur de cactus expérimenté, je suis régulièrement consulté par le référent faune/flore du service des Douanes pour des identifications de cactus saisis et des estimations de prix. La plupart des cactus saisis actuellement sont des plantes en provenance d’Asie du Sud-Est, des petits semis de 1 ou 2 ans, qui ne valent que quelques euros et qu’on peut commander facilement sur Internet. A ce prix-là , des milliers de cactus circulent effectivement en dehors de toute réglementation et peuvent être saisis par la Douane.
Je regrette de ne pas avoir été consulté pour cette affaire. Le communiqué de la Douane a été repris par de nombreux médias, mais personne n’a vraiment signalé qu’il s’agissait de plantes cultivées et non de plantes sauvages. La culture des Super Kabuto ne menace pas la survie des Astrophytum asterias dans la nature et les plantes saisies ne représentent pas 1% des survivants.
Ce texte a été transmis à l'AFP et à mon contact à la Douane.
HK
Saisie de 56 rarissimes cactus oursins par la Douane
Un communiqué de presse a suivi le 25 août 2023.
Le contenu de cette information repose sur l’expertise des cactus saisis par un spécialiste du Museum National d’Histoire Naturelle, qui a déterminé que les cactus appartenaient à l’espèce Astrophytum asterias, qui est une espèce protégée par la Convention de Washington et classée à l’annexe 1 de la CITES. A ce titre, toute acquisition d’un sujet de cette espèce devrait être dûment autorisée par un permis d’exportation CITES du pays exportateur et un permis d’importation CITES délivré par le pays importateur. Ces documents étaient absents, ce qui a justifié la saisie par le service des Douanes.
Cependant, il est totalement abusif de faire un rapport entre les 56 Astrophytum asterias saisis et les 5000 exemplaires restant dans la nature, au Mexique et au Texas. En effet, cette espèce est largement cultivée par les producteurs de cactus et par les collectionneurs du monde entier, depuis plus d’un siècle. Les plantes saisies ne sont pas du tout des plantes d’origine sauvage, mais des plantes de culture qui provenaient d’une pépinière thaïlandaise, qui les multiplie par milliers tous les ans et les vend au prix de 3 euros pièce pour des sujets de 3 ou 4 cm de diamètre.
Certes, la personne qui a acheté ces cactus a commis l’erreur de les introduire en France sans avoir les documents nécessaires, mais elle l’a fait sans doute sans connaître la réglementation et ne peut être assimilée à un trafiquant. Il est faux de faire l’amalgame entre le commerce de ces plantes cultivées et leur disparition dans la nature. Ce sont deux choses différentes.
Les plantes cultivées en Thaïlande sont des « Super Kabuto », c’est-à -dire des variétés cultivées, obtenues par semis et patientes sélections successives. Elles ont été obtenues au départ au Japon et ont été ensuite diffusées un peu partout en Asie, en Europe et en Amérique. Ces variétés sont remarquables par la quantité de flocons blancs qui les recouvrent et par les motifs que dessinent ces flocons. Aucune plante sauvage ne présente ces attributs. Il est plus que surprenant que la personne qui a identifié les cactus saisis n’ait pas mis en avant ce point extrêmement important : les Astrophytum asterias ‘Super Kabuto’ ne peuvent en aucun cas avoir pour origine le Mexique ou le Texas ! Quand on parle de sujets pouvant atteindre le prix de plusieurs dizaines de milliers d’euros, il ne peut s’agir que de sujets d’exception, tels que seuls les horticulteurs japonais peuvent les obtenir, en les cultivant pendant plusieurs dizaines d’années, de la même façon qu’un bonsaï d’exception, et non de sujets de la taille d’une « balle de golf ».
En tant que producteur de cactus expérimenté, je suis régulièrement consulté par le référent faune/flore du service des Douanes pour des identifications de cactus saisis et des estimations de prix. La plupart des cactus saisis actuellement sont des plantes en provenance d’Asie du Sud-Est, des petits semis de 1 ou 2 ans, qui ne valent que quelques euros et qu’on peut commander facilement sur Internet. A ce prix-là , des milliers de cactus circulent effectivement en dehors de toute réglementation et peuvent être saisis par la Douane.
Je regrette de ne pas avoir été consulté pour cette affaire. Le communiqué de la Douane a été repris par de nombreux médias, mais personne n’a vraiment signalé qu’il s’agissait de plantes cultivées et non de plantes sauvages. La culture des Super Kabuto ne menace pas la survie des Astrophytum asterias dans la nature et les plantes saisies ne représentent pas 1% des survivants.
Ce texte a été transmis à l'AFP et à mon contact à la Douane.
HK
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