Aventures au Yémen, par Joël Lodé

Nous voilà reparti pour un nouveau voyage (pas de taxonomie !), cette fois vers le Yémen.
J'y ai effectué plusieurs séjours depuis 2008, et j'espère que ce récit va vous intéresser...

La péninsule arabique est une région de déserts au climat austère. Le Yémen n’échappe pas à cette règle. Situé au sud-ouest de la péninsule, c’est un pays de montagnes, peuplé de quelques 21 millions d’habitants issus de tribus diverses et d’une superficie de 550.000 km², soit à peu près aussi grand que la France. Sa capitale, Sana’a, est située dans les montagnes qui composent en grande partie le Yémen.

Les déserts de dunes ne sont néanmoins pas rares, et les formations typiques de dunes parallèles peuvent mieux s’apprécier du ciel.
J'ai pris les photos qui suivent depuis mon siège dans l'avion...

Joël Lodé

L’érosion est intense et modèle le paysage de cicatrices profondes et gigantesques...

A haute altitude, l’humidité provoque une froide condensation qui fait descendre les nuages jusqu’au niveau des hautes vallées. L’eau s’y concentre et permet la croissance de la végétation.
Ainsi, l’agriculture est une des principales ressources.

C’est notre première approche avec un pays à la fois moderne et médiéval : le Yémen. C’est là où l’Université de Murcia m’envoie "à la recherche du Phoenix"...

JL

La capitale, Sana'a, est une ville des Mille et une Nuits, peu fréquentée par les touristes, on en conviendra !

Elle grouille de vie, de mouvements, de personnes qui vont et viennent. Je me fonds dans la population et tâche d'être invisible...

Après avoir vu les images, vous pourrez cliquer ici..
[cactus-aventures.com]
Une petite surprise vous y attend. C'est tout pour ce soir !

Reportage et photos : JL

Très
dépaysant, je sens que l'on va y découvrir des petites merveilles.

Déjà de magnifiques photos Youpie !!!



Modifié 1 fois. Dernière modification le 25/07/20 11:06 par Bernard74.

Voilà donc la suite : je précise que cette relation de voyage est inédite, et qu'elle est donc diffusée en exclusivité sur le forum de Henri. Prévenez vos amis si cela peut les intéresser !

Dans les ruelles de la vieille ville, nous cotoyons déjà les succulentes, avec l’encens des Boswellias, et même les cactées puisque l’on y vend les fruits d’Opuntia dillenii. C’est le petit matin, le Yémen se réveille...

Joël Lodé

...© Joël Lodé

Sur les toits de maisons moyenâgeuses, les antennes paraboliques fleurissent, signe des temps modernes, alors que les femmes demeurent de simples ombres, comme depuis les premiers temps de l’Islam...

Les hommes conservent toujours la jambia, ce poignard traditionnel, bien à côté du très récent téléphone portable qui complète sans complexe la panoplie du parfait Yéménite.

La pauvreté du pays n’empêche pas un président mégalomane de faire construire au saint nom de l’Islam la 3ème mosquée la plus grande du monde après celles de la Mecque et de Médine....

...Lieu obligé des visites touristiques au Yémen, le « Rock Palace » à Wadi Dhar, est aussi une manière de plonger dans une autre culture plus... agricole, celle du qat, une plante devenue véritable fléau social, drogue locale quotidiennement présente dans la vie des Yéménites.

Quant au palace, situé au sommet d’un rocher, il exprime à la fois le pouvoir et la richesse réservés seulement à quelques sultans d’hier et d’aujourd’hui...

Le "Rock Palace" est en fait appelé le Dar al-Hajar ; il était le palais d'été du sultan Yahya Muhammad Hamid ed-Din.

Mes missions au Yémen ont commencé en 2008, parfois jusqu'à deux dans l'année ; c'est en 2015 que malheureusement, les Saoudiens ont visé sciemment des sites historiques pourtant signalés comme Patrimoine de l'Humanité, et ont été malgré tout l'objet de frappes comme le Musée de Dhamar, où 12 500 objets archéologiques ont été détruits dans l’explosion, le barrage de la Reine de Saba construit au VIIIe siècle avant J.-C., et qui a été éventré.
Et malheureusement aussi, le Rock Palace...

Passant inaperçu pour le commun des mortels, mais pour nous succulentophiles, provoquant une intense émotion, sont les premières plantes succulentes, comme Euphorbia ammak en fleurs, décorant le palais-forteresse de son imposante présence.

Dans les environs, de nombreuses espèces d'Asclépiadacées (aujourd'hui classées dans les Apocynacées...) poussent, comme Caralluma ou Orbea wissmannii var. eremastrum. J'ai ajouté des photos de plantes en culture dans ma collection, car, vous pouvez le constater, nous n'arrivons pas toujours au moment de la floraison ; mais entre tous les voyages effectués à diverses saisons, j'ai tout de même pu en observer quelques-unes en fleurs.

Il y a beaucoup de confusion entre les différentes tendances des auteurs, notamment Bruyns et le regretté Plowes. Je garde le plus souvent le terme générique de Caralluma, même s'il est impropre. Je participais au livre que rédigeait depuis des années Darrel Plowes, malheureusement, il est décédé en 2016, son ouvrage ne verra sans doute jamais le jour. Mais laissons de côté la taxonomie pour découvrir les plantes dans leur habitat...

JL

Plus discrète, sauf à nos yeux perçants de chercheurs de trésors, l’on rencontre Senecio appelé également Kleinia odorum aussi bien dans l’enceinte du palace que tout au long de la route qui y mène. Le plaisir est garanti.
Je le retrouverai souvent au cours des nombreuses haltes.

Vivant en compagnie de la précédente, une autre Asclépiadacée vit sur un sol extrêmement aride : Caralluma hexagona.
Si les plantes ne sont pas toujours faciles à apercevoiir dans la nature, et souvent assez peu jolies il faut bien l'avouer, surtout en période de sécheresse, leur culture offre bien des satisfactions.
JL

... Une petite Portulacacée, Portulaca quadrifida, bien stressée par la sécheresse...

Voici une autre Asclépiadacée qui semble mieux supporter l'aridité de la zone : Caralluma plicatiloba, croissant en plein soleil, mais comme toutes ses autres congénères, profitant des cailloux pour pousser par voie de stolons, lui permettant de se régénérer même lorsque les tiges aériennes ont disparu. La fleur est, là aussi, complexe et extraordinaire. Ce sont vraiment des plantes à cultiver !

Joël Lodé