Les Haworthia, plantes d'ombre ?


Par : Henri Kuentz
Publié le 01-11-2018

Les Haworthia appartiennent actuellement à la famille des Asphodélacées, autrefois à celle des Liliacées, et sont originaires de la province du Cap, en Afrique du Sud. Proches cousins des aloès, ils se présentent sous forme de rosettes de feuilles vertes poussant au ras du sol et ne dépassent jamais 15 cm de hauteur.

Idéales pour les personnes disposant de peu de place ou d’une véranda pas très ensoleillée, les Haworthia sont de charmantes petites plantes qui raviront les amateurs de succulentes non épineuses.

Caractéristiques

La plupart des espèces poussent en touffes compactes, constituées de plusieurs dizaines de têtes agglomérées les unes contre les autres. La floraison se traduit par de simples épis portant de très petites fleurs blanc verdâtre et n’est vraiment pas spectaculaire. L’intérêt des Haworthia réside dans la variété des feuillages et dans la faculté de pousser en touffes, en formant souvent de jolis coussins hémisphériques. Les feuilles ne portent jamais d’aiguillons, mais sont souvent ornées de petites protubérances blanchâtres sur la face extérieure. Ces points se rejoignent parfois pour constituer des bandes blanches décoratives, comme chez la plante la plus couramment cultivée par les horticulteurs : Haworthia attenuata ‘Caespitosa’, dénommée à tort Haworthia fasciata. Le véritable H. fasciata est beaucoup moins prolifique, pousse moins vite et possède des feuilles plus courbes, fibreuses. Ce dernier caractère le rapproche de H. coarctata.

D’autres espèces plus rares, comme H. truncata, possèdent des feuilles munies d’une fenêtre translucide et utilisent le même principe de transmission de la lumière que les Fenestraria. Chez H. venosa ssp. tesselata, les feuilles sont parcourues par un réseau de lignes qui donne à la surface un aspect de mosaïque. H. glauca et ses nombreuses variétés possèdent des feuilles bleutées. Il existe aussi quelques variétés horticoles au feuillage panaché de lignes blanches, jaunes ou orange comme H. cymbiformis ‘Variegata’ ou H. attenuata ‘Variegata’. La panachure de ces variétés est très instable et nombreux sont les rejetons normaux produits par ces plantes. Pour conserver l’aspect décoratif initial, il ne faut pas hésiter à supprimer les rejetons verts, sinon ils finissent par prendre le dessus sur les têtes panachées.

Culture

Exposition

Les Haworthia ont une réputation de plantes d’ombre, ce qui est assez rare parmi les succulentes, au point qu’on les retrouve souvent dans les serres aux endroits les moins favorables, comme le dessous des tablettes. Cependant, cette réputation est contredite par l’observation dans la nature de nombreuses plantes dans les expositions les plus variées. Certaines poussent dans des lieux complètement dégagés comme des champs de cailloux arides, d’autres sous des herbes, des buissons ou des arbustes plus ou moins desséchés, qui leur procurent une ombre très relative. Seules quelques espèces poussent vraiment à l’ombre des versants sud, l’équivalent des versants nord de notre hémisphère nord : ce sont les espèces à feuilles translucides vert clair comme H. cymbiformis, H. cooperi ou H. translucens.

Haworthia cymbiformis
Haworthia cymbiformis

Les espèces à feuilles vert foncé, opaques, nécessitent une exposition nettement plus lumineuse pour produire des feuilles solides et colorées, mais si on aime les feuilles bien vertes, elles supportent d’être cultivées quelque temps à l’ombre, surtout pendant l’été, où la température élevée les met en repos et risque de provoquer des dessèchements des pointes assez inesthétiques. On trouve dans cette catégorie : H. attenuata, H. radula, H. glabrata, H. coarctata, H. reinwardtii… Au printemps et en automne, il faut les placer sous une ombre légère produite par un filet d’ombrage ou une peinture spéciale passée sur les vitres de la serre. Toutes les espèces n’ayant pas exactement les mêmes besoins, il faut tester différents endroits de la serre ou du jardin et déplacer les plantes en fonction du résultat obtenu. Si les plantes prennent une teinte rose ou rouge, il y a sûrement un excès de soleil. Si elles sont d’un vert très clair ou s’allongent exagérément, elles sont trop à l’ombre.

Haworthia attenuata
Haworthia attenuata

Substrat

Les Haworthia ne sont pas des plantes difficiles en ce qui concerne le sol. On peut les faire pousser soit dans le mélange classique composé de trois tiers de terreau, sable grossier et terre, soit dans un mélange plus léger composé de terreau (50%), pouzzolane ou pierre ponce (30%), sable siliceux (10%) et perlite (10%). Le mélange classique convient tout à fait en région chaude, à condition d’utiliser des contenants peu profonds, alors que les substrats plus aérés sèchent plus vite et sont un avantage en région froide ou humide. Personnellement, je préfère un mélange très aéré par apport de perlite, qui permet aux racines de pousser plus vite.

Arrosage

Quel que soit le substrat utilisé, il faut adapter les arrosages de façon qu’après chaque apport d’eau, le substrat reste humide pendant 4 ou 5 jours, puis sèche pendant une durée équivalente. Cette alternance permet aux racines de bien se développer.

Les Haworthia sont des plantes de croissance hivernale, c’est à dire qu’elles poussent depuis l’automne jusqu’à la fin du printemps. La forte chaleur de l’été bloque la croissance et, à moins d’habiter dans une région fraîche en été, il faut nettement réduire les arrosages pendant la saison la plus chaude, de juin à août. En Afrique du Sud, le repos correspond aux mois de décembre, janvier et février (été austral très chaud). Si la température est très élevée, vous pouvez placer tous les Haworthia à l’ombre.

La perte des racines

Un problème fréquemment rencontré en culture est la perte des racines. A ce sujet, il faut savoir que ce genre de plantes, comme toutes les Aloeacées, renouvelle constamment ses racines, sauf en été, et que leur perte n’est donc qu’un incident sans gravité. De nouvelles racines apparaissent depuis le collet, et celles-là remplacent les plus anciennes. Elles sont de type traçant, étalées sur une grande surface, à une faible profondeur, chez la plupart des espèces. Quelques exceptions ont des racines verticales très renflées, qui se contractent en période de sécheresse, entrainant les plantes sous la surface du sol : H. maughanii, truncata, retusa, etc.

Le problème de perte des racines est dû, soit à un sol trop compact, soit à un excès d’arrosage en période de repos estival, soit à une alcalinisation de la couche superficielle de terre quand l’eau d’arrosage est trop calcaire. Compte tenu de leur forte propension à produire de nouvelles racines, la récupération des plantes aux racines malades est très facile. Le meilleur moment pour cette opération se situe en septembre, mais on peut la réaliser à tout moment si nécessaire. On recoupe la base pourrie avec un canif et on met les boutures à sécher à l’ombre pendant 15 jours. La multiplication peut se faire par la même occasion, en séparant les rejetons latéraux, généralement porteurs d’ébauches de racines. Ensuite, toujours à l’ombre, on pose les boutures sur un substrat neuf, maintenu légèrement humide, et elles reprennent en quelques jours !

Multiplication

Le bouturage de feuilles marche assez bien, sauf avec les espèces aux feuilles vert clair. Pour cela, on détache de belles feuilles de la base, on trempe la partie qui était attachée à la plante mère dans de la poudre d’hormones de bouturage, on les met à sécher pendant quelques jours et on les repique dans un substrat très léger en les enfonçant d’un centimètre seulement. Les arrosages doivent rester très légers, un excès d’humidité provoquant la pourriture des feuilles. Après la reprise, plusieurs plantules apparaissent tout autour de chaque feuille. On les laisse pousser un an ou deux avant de les détacher de leur feuille-mère.

Le semis est utilisé pour les espèces solitaires, comme H. pumila, et se pratique également en fin d’été ou début d’automne, de manière très classique, si ce n’est que les plantules poussent très lentement la première année et qu’on ne les repique en général qu’un an après le semis. A ce stade, toute exposition au soleil est préjudiciable.

Parasites

Les Haworthia sont parfois attaqués par les cochenilles et les poux des racines, parasites bien connus des amateurs de Cactées. Mais il faut signaler également leur sensibilité au puceron de l’aloès, un type de puceron noir assez primitif qui s’attaque au cœur des plantes en y pondant de nombreux œufs suivis de larves blanchâtres très gourmandes, qui peuvent détruire le méristème principal, puis provoquer une pourriture générale. Le traitement s’effectue par pulvérisation d’un insecticide pour plantes quelconque, deux fois à une semaine d’intervalle, en visant bien le centre des plantes atteintes.

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