Chili, décembre 2021

Bonjour, deux ans après, je suis retourné à Valparaiso. Un break bienvenu dans cette période difficile. Pas de road-trip cette fois-ci, plutôt du "pick and go" comme on dit au rugby. J'avais pas mal de choses à faire dans la maison, la famille, les amis. Ce fut aussi le moment historique des élections présidentielles, qui ont vu Gabriel Boric les emporter. Le Chili vit une période qui ressemble à mai 68 et 81, avec un projet de nouvelle constitution qui avance, il aura fallu plus de trente ans pour digérer la dictature. C'était vraiment requinquant.
Après avoir rempli un dossier en ligne des semaines avant le départ, le voyage fut quelque peu pénible, 14h avec un masque, PCR avant de partir, PCR à l’aéroport se Santiago, le prix de l’aventure, et d'une santé préservée.



Je m'étais donné un pretexte cactophile, la recherche de Neoporteria senilis. Pour cela je voulais parcourir le Norte Chico, au dessus de la Région de Valparaiso, mais le temps et un problème de CB ne m'ont permis qu'un bref séjour à l'est de Salamanca, pays de sorcières dans la légende locale, je ne confonds pas avec Salem.
Je me suis dégoté un petit camping familial, où j'ai pu planter ma tente à 10m d'une piscine.

Camping familial

Je serais resté deux jours ici, le village voisin était en « toma » par les habitants, ils protestent contre une mine qui a construit deux immenses réservoirs de produit chimique pour une mine située à plusieurs km. Il y aurait eu une fuite il y a quelques temps. À l’entrée d’une piste qui mène au village puis à la montagne que je voulais explorer, ils ont installé un checkpoint façon gilets jaunes. Au bout d’un détour de deux km, je me suis fait chopper par un villageois en colère qui m’a ramené manu militari au checkpoint zéro, ils prennent ça très au sérieux. J’ai donc fait un détour de plusieurs km pour atteindre mon but, j’ai du crapahuter une vingtaine de bornes, souvent dans du hors piste.
Les mines sont un vrai problème pour l’environnement ici, elles sont très gourmandes en eau, produits chimiques et énergie. Ils faut aussi tracer des routes pour d’immenses véhicules, construire des ponts, des ports, des tunnels et des pipelines pour exporter le minerai, loger le personnel etc…
Il y a une polémique en ce moment suite aux Pandora Papers, le Président Piñera aurait autorisé l’implantation du projet Dominga contre un retour d’argent planqué dans des paradis fiscaux, pour faire court. Il est situé près de Punta Choros, zone de nombreux taxons de cactus endémiques (Eulychnia chorosensis entre autres) et de reproduction d'espèces animales en danger d'extinction (dauphins, pingouins...). Le Président élu a dit qu’il s’opposera à ce projet une fois en place, mais la parole de l’État est engagée. À suivre donc.

Proyecto Dominga, Huasco
Proyecto Dominga, Huasco

Le fond de cette vallée culmine à 500m d'altitude, on y cultive de nombreuses espèces fruitières, avocats et vignes en majorité. La ligne horizontale que l'on distingue au fond sur le flanc des montagnes, est un canal d'irrigation. L'eau y circule par intermittence, deux ou trois jours par semaine pendant quelques heures. Les cultivateurs remplissent des réservoirs, puis irriguent leurs cultures avec un réseau de goutte à goutte.

Trichocereus chiloensis

Il n'a plu que deux fois cet hiver ici, comme ces dernières années. C'est une évolution dramatique pour la région. Certains paysans s'orientent vers l’hébergement touristique car ils ont de plus en plus de mal à vivre de leur production.
Cela ne semble pas gêner les Eriosyce aurata adultes qui ont encore de la réserve. Il y avait des fleurs

Eriosyce aurata

Eriosyce aurata

Eriosyce aurata

Les bourdons s'en donnent à cœur joie en mode spéléo.
Eriosyce aurata

Eriosyce aurata

Eriosyce aurata

Eriosyce aurata

Eriosyce aurata

Cette espèce est vraiment magnifique, surtout lorsqu'elle arbore des épines dorées comme ici.

Je suis bien de cette avis ! et je n'en ai jamais vu de beau sujet en culture (maxi 25 cm , et avec une spination un peu decevante)

Oui, j’ai arrêté de les cultiver, c’est pas fait pour mes balcons.

ceux ci sont vraiment identique a ceux qui poussent nettement en altitude ? je crois qu'il y en a vers San Pedro .... ? tu confirmes ?

Non je ne confirme pas Gilles je crois que leur distribution s’arrête vers Copiapo dans le nord où on trouve la sous espèce spinibarbis que je n’ai jamais vue. A San Pedro, bien plus au Nord, on trouve de gros Lobivia Formosa, qui sont pas mal non plus.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 02/02/22 11:00 par Guillaume.

J'ai également rencontré quelques Neoporteria curvispina. Peut-être celles qu'on appelle choapensis étant dans la vallée dudit fleuve (Choapa), mais vu le stress dans lequel elle se trouvent, je ne distingue aucune particularité. Elles ne sont pas très grosses et plusieurs sont mortes (de soif?).

Neoporteria curvispina

Neoporteria curvispina

Neoporteria curvispina

Neoporteria curvispina

Il fait bien chaud ici et des rapaces semblent surveiller une quelconque défaillance de ma part

Condor

Condor

je tombe sur le canal que j'ai situé sur la photo plus haut, je m'y rafraîchis les pieds et la tête, à l'ombre.

Canal d'irrigation

On se croirait au Maroc parfois

Sans titre

Sans titre

Cumulopuntia leucophaea est bien sûr présent dans le coin

Cumulopuntia leucophaea

Cumulopuntia leucophaea

Cumulopuntia leucophaea

Mais je n'y trouve aucune plante qui ressemble au senilis

Merci pour ce reportage et ces superbes photos

Non je ne confirme pas Gilles

IL me semblait avoir vu des photos de cette espece a proxilmité des telescopes . Je dois me tromper .
Finalement des deux Eriosyce "historique" , rodentiophylla est le moins casse pied . il est tres lent mais se prete bien a la greffe.
aurata , même en greffe - bouture sur de gros tronçon de pachanoi pose probleme apres une vingtaine d'années et est incompatible avec les opuntia. j'en ai retenté sur geometrizan mais je dois arroser l'hiver pour ne pas qu'il les 'aspire" (ils sont dehors a l'abris de la pluie).

Bon , puisque qu' el condor pasa , on attend la suite ....

Vers les télescopes, c’est Vicuña, la vallée de l’Elqui. Là oui, il y en a de très beaux. Vicuña et Salamanca sont dans la région de Coquimbo. San Pedro c’est la región d’Antofagasta, bien plus au nord

ça expliquerait les photos alors . Je sais ou se trouvent Vicuna et San pedro . je pensais que les telescopes etait plus en altitudes et beaucoup plus au nord ........je ne sais pas pourquoi .....

Salut Gilles, en fait il y a beaucoup d'observatoires astronomiques au Chili, car on y additionne plusieurs conditions favorables à leur implantation.
Voici un carte de répartition des Eriosyce (vrais), tirée du livre de Kattermann. Antofagasta et San Pedro, où est situé le VLT, un des plus puissant télescopes sur terre, sont encore plus au nord.

J' ai ce bouquin , mais je ne suis surtout preocuppéde la distribution du "rodentio".pas trop fais gaffe a l'autre ....
j'ai longtemps eu un tres beau spinibarbis greffé ( + de 20 cm) mais il a pourri il y a 5 ans. j'ai encore un rodentio pas vilain que je couve comme le lait sur le feu ......(bien qu'il soit greffé)
C'est bien au super telescope que je faisais allusion mais comme j'ignorai qu'il y en avait d'autres j'ai pensé que les photos venaient de là ....
Je suis en RP pour encore quelques semaines , je n'ai pas ma doc avec moi ....

Bravo pour les photos!
La teinte orange de la fleur de ce Cululopuntia est vraiment lumineuse

Le cactus dominant par sa présence ici, est le Trichocereus chiloensis. Je ne manie pas les sous espèces décrites, mais c'est une forme plutôt petite par rapport à l'espèce type, peut-être borealis.

Trichocereus chiloensis & Cumulopuntia leucophaea

Trichocereus chiloensis

Trichocereus chiloensis


Cette plante est parasitée par le Tristerix:

Trichocereus chiloensis

Si vous avez Facebook, voici une chouette vidéo de la BBC qui montre le cycle de vie de ce parasite:
Video BBC

Trichocereus chiloensis

Trichocereus chiloensis

Les populations ici, souffrent beaucoup de la sècheresse, les plantes meurent peu à peu, un spectacle qui m'a désolé.

Trichocereus chiloensis

Trichocereus chiloensis

Trichocereus chiloensis

Trichocereus chiloensis

Trichocereus chiloensis

Les animaux assoiffés y trouvent une source de nourriture

Trichocereus chiloensis

Trichocereus chiloensis

Par-ci par-là, des Eulychnia acida montrent leur bobine, eux aussi mal en point.

Eulychnia acida

Je pense que je reviendrai dans cette région un jour ou l'autre, toujours à la recherche du senilis , en espérant que quelques pluies seront passées par là.



Modifié 1 fois. Dernière modification le 03/02/22 10:30 par Guillaume.